Le mardi 03 décembre 2024 à 16h, une séance de travail s’est tenue dans le bureau du Directeur général du Budget (DGB) conformément aux dispositions de l’arrêté portant calendrier budgétaire pour l’année 2024. Cette rencontre a réuni les cadres de Social Watch Bénin (SWB) et les experts du Pôle Budget Ouvert sous la présidence du Directeur général du Budget. Elle visait à examiner les plaidoyers formulés par la société civile, à apprécier leur niveau de prise en charge dans les politiques publiques à travers les priorités sectorielles retenues pour l’année 2025 ou à explorer les possibilités de leur intégration dans le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025.

Les plaidoyers soumis par SWB se concentrent sur des thématiques essentielles qui touchent directement les préoccupations des populations à savoir :

  • Macroéconomie et gestion de la dette publique : En s’inquiétant du niveau d’endettement public au Bénin, la société civile attire l’attention de l’Etat sur la nécessité de veiller à l’orientation des emprunts contractés dans les secteurs économiquement productifs ;
  • Dépenses à sensibilité sociale : Remerciant le Gouvernement pour les efforts consentis et en cours dans les secteurs sociaux, la société plaide pour un accroissement du niveau des investissements, en particulier, dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la nutrition. Aussi, souligne-t-elle le besoin d’augmenter les allocations budgétaires pour renforcer la résilience aux changements climatiques et pour développer le secteur énergétique, notamment l’électrification rurale ;
  • Système éducatif : En complément aux efforts dans le secteur, la société civile plaide pour la réduction des cas de déperdition scolaire, l’amélioration des infrastructures scolaires, et l’accès à l’eau potable dans les écoles publiques ;
  • Santé publique : La société civile plaide pour l’optimisation des ressources allouées à la vaccination, la santé communautaire et l’hygiène menstruelle des jeunes filles tout en réduisant les coûts des évacuations sanitaires ;
  • Accès à l’eau potable : Bien que des ressources importantes aient été consacrées à la question de l’eau potable depuis 2016, des défis d’accès à l’eau potable se présentent, notamment en milieu rural. En conséquence, il importe d’améliorer la disponibilité de l’eau en général, et dans les centres de santé et les écoles en particulier.

Les propositions, aspirations et préoccupations ainsi présentées par la société civile visent à rendre les politiques budgétaires plus inclusives, transparentes et alignées sur les besoins réels des populations.

Lors des échanges, le Directeur général du Budget a apporté des réponses détaillées aux préoccupations soulevées, mettant en lumière les efforts déjà réalisés par le Gouvernement et les perspectives envisagées notamment :

  • Une gestion rigoureuse de la dette publique : Concernant la dette publique, le Directeur général du Budget a expliqué que, bien qu’elle suscite des interrogations légitimes dans tous les Etats, la préoccupation est de déterminer si la dette contractée par l’Etat est productive. Dans le cas du Bénin, la dette est effectivement utilisée de manière productive, notamment à travers le financement des projets de développement socio-économique. Par ailleurs, il rappelle que le Gouvernement travaille à l’assainissement du cadre macroéconomique en améliorant la gouvernance, en luttant contre la corruption et en renforçant l’efficacité des dépenses publiques. Il a également souligné que la priorité réside dans la capacité de l’Etat à honorer ses engagements financiers à court, moyen et long terme tout en maintenant une politique budgétaire et d’endettement cohérente. Pour finir, l’Etat ne se limite pas à investir directement les fonds issus de la dette contractée. Il pratique souvent un reprofilage de la dette, ce qui consiste à racheter une partie des dettes existantes dans le portefeuille qui sont issues des conditions onéreuses/chères afin de réaliser des gains financiers et d’optimiser leur gestion.
  • Secteurs sociaux et investissements prioritaires : Les efforts gouvernementaux ont permis de diminuer les coûts des évacuations sanitaires et de renforcer les infrastructures sanitaires, notamment l’accès à l’eau potable dans la majorité des centres de santé.

Pour le secteur de l’éducation, le Gouvernement a renforcé les cantines scolaires, couvrant plus de 75% des écoles dans les zones d’insécurité alimentaire, et a installé des points d’eau dans presque tous les établissements bénéficiant de ces services. Des mesures spécifiques, telles que la prise en charge de l’hygiène menstruelle ont également été prises et des résultats positifs sont attendus à court terme.

  • Partenariats pour la vaccination : La diminution apparente des ressources allouées à la vaccination n’est pas préoccupante. En effet, des discussions sont en cours avec des partenaires comme le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) pour combler les besoins en financement dans ce domaine.
  • Transparence et la participation citoyenne aux processus budgétaires sectoriels : Concernant les préoccupations liées à la transparence et à l’accès aux données budgétaires, la Direction générale du Budget s’est engagée à faciliter l’accès aux informations dans les ministères sectoriels. En effet, le Directeur général du Budget a rappelé l’importance de garantir une plus grande participation des citoyens au processus budgétaire, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des affaires sociales.

Perspectives et recommandations

Pour aller plus loin, les points d’attention ci-après ont été retenus, constituant ainsi des axes clés sur lesquels des actions vont être menées : (i) Discussions avec l’Assemblée nationale en vue de la participation de la société civile à la session d’adoption et de vote de la loi de finances ; (ii) Sensibilisation des parents et des apprenants sur les conséquences réelles de la déperdition scolaire sur la société ; (iii) Facilitation d’accès et renforcement des dispositions pour des dialogues/discussions bilatérales avec les ministères sectoriels pour la présentation des plaidoyers, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, de protection des personnes handicapées ; et, (iv) Revue des allocations budgétaires pour le financement de la santé communautaire.